Abidjan, le lundi 7 juillet 2025(LDA)-Les députés français ont voté à l’unanimité, avec 111 voix, le lundi 7 juillet, en faveur de la restitution du tambour parleur Djidji Ayôkwé à la République de Côte d’Ivoire. Cette décision historique, qui fait suite à celle du Sénat français le 28 avril dernier, consacre une volonté politique conjointe des présidents Emmanuel Macron et Alassane Ouattara, de redéfinir les fondements de la conservation et de la restitution des objets spoliés à l’époque coloniale. Ce vote marque une nouvelle étape dans le processus de restitution des biens culturels aux pays africains.
Lors des débats à l’Assemblée nationale, la ministre française de la Culture Rachida Dati, ainsi que les rapporteurs Bertrand Sorre et Fatiha Keloua-Hachi, ont mis en lumière la portée symbolique et historique de cette restitution. Plusieurs parlementaires, dont Lise Magnier, Aurélien Taché ou encore Graziella Melchior, ont salué un geste fort pour la mémoire et la dignité des peuples anciennement colonisés.
Pour la partie ivoirienne, le vote de ce jour est perçu comme une victoire diplomatique majeure et l’aboutissement d’un long processus engagé dès 2019 par le président Alassane Ouattara, qui s’est personnellement impliqué dans la demande de restitution du tambour, attendu depuis plus d’un siècle par la communauté Atchan. C’est pourquoi, Françoise Remarck, ministre ivoirienne de la Culture et de la Francophonie, n’a pas caché sa satisfaction à l’annonce de cette bonne nouvelle.
Dès sa prise de fonction, elle a adopté une démarche inclusive, impliquant les communautés concernées, les autorités françaises et les parlementaires. Elle s’est rendue à plusieurs reprises au musée du quai Branly pour porter la voix de la Côte d’Ivoire, et a notamment participé à une cérémonie de désacralisation du tambour à Paris, aux côtés de représentants de la communauté Bidjan.
Une réunion bilatérale entre les ministres Françoise Remarck et Rachida Dati, en novembre 2024 à Paris, avait déjà permis la signature d'une convention de prêt autorisant son retour sur le sol ivoirien. Elle s’est tenue en présence de Laurent Lafon, président de la commission Culture du Sénat français, et de Fatiha Keloua-Hachi, présidente de la commission des Affaires culturelles de l’Assemblée nationale.
Le Djidji Ayôkwé, tambour sacré spolié en 1916 par les troupes coloniales avant d’être transféré en métropole en 1929, fut longtemps exposé au musée du Trocadéro puis au musée du quai Branly – Jacques Chirac. Depuis 2022, il repose dans les réserves de ce dernier, après une restauration minutieuse. Mesurant trois mètres de long pour un poids de 430 kg, ce tambour emblématique était utilisé dans le sud de la Côte d’Ivoire pour transmettre des messages rituels ou alerter les populations lors d’événements majeurs, notamment durant les campagnes de recrutement militaire forcé.