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Carburant : « A base de graines d’hévéa, il est possible de produire du biocarburant » (Charles-Emmanuel Yacé)

Abidjan, le mercredi 6 août 2025(LDA)-Charles-Emmanuel Yacé, président du Conseil d’administration de l’Association des Professionnels du Caoutchouc Naturel de Côte d’Ivoire (APROMAC), a accordé récemment une interview à nos confrères de Sika Finance. Au cours de cet échange, il a révélé que la production ivoirienne de caoutchouc naturel a été multipliée par 10 en moins de 20 ans et qu’à partir de graines d’hévéa il est possible de produire du biocarburant.

En deux décennies, la Côte d’Ivoire s’est hissée à la 3ᵉ place mondiale des producteurs de caoutchouc naturel, un bond spectaculaire que Charles-Emmanuel Yacé explique par une combinaison de facteurs structurels et stratégiques. « La production ivoirienne est passée de 164 138 tonnes en 2005 à 1 678 000 tonnes en 2023, ce qui positionne aujourd’hui notre pays juste derrière la Thaïlande et l’Indonésie », a-t-il indiqué. Selon lui, cette croissance remarquable est le fruit d’une synergie entre les acteurs de la chaîne de valeur et d’une organisation méticuleusement structurée de la filière.

Un autre projet innovant, révèle-t-il, sur la production de biocarburant à base de graines d’hévéa est en cours. « Ce projet, en phase pilote, est porté par la Fédération des producteurs d’hévéa avec un partenaire du secteur pétrolier. Depuis 2019, nous finançons aussi le CNRA pour développer la transformation de ces graines en huile et tourteaux à usage industriel, alimentaire ou agricole. », a précisé Charles-Emmanuel Yacé.

Le PCA de l’APROMAC insiste sur le rôle pionnier de l’organisation dans cette dynamique. Dès 2009, l’APROMAC a mis en place un fonds spécifique pour soutenir le développement des plantations d’hévéa, en finançant directement les activités des planteurs.

L'engouement pour l'hévéaculture a aussi été renforcé par une conjoncture favorable. « Les cours mondiaux du caoutchouc naturel ont connu un pic historique entre 2011 et 2012, atteignant 1 000 F CFA le kilo. Cela a accéléré l’adoption de la culture par les agriculteurs. Aujourd’hui encore, elle séduit par la régularité et la stabilité des revenus qu’elle procure – des gains mensuels sur une période de dix mois par an », a-t-il insisté.

Au plan institutionnel, Charles-Emmanuel Yacé reconnaît le rôle déterminant de l’État, rappelant que l’APROMAC, fondée en 1975, a été reconnue en 2020 comme Organisation Interprofessionnelle Agricole (OIA) officielle de la filière hévéa.

Concernant les préoccupations environnementales, notamment la déforestation, M. Yacé se veut rassurant. Il précise que l’extension des plantations se fait principalement sur des zones savanicoles ou dégradées, et non en forêt.

Auteur: Auguste Beugré