Abidjan, le mercredi 22 juillet 2025(LDA)-Aguia Patrick, est le commissaire général du Festival Voeu Leu. Dans cet entretien, il explique l’origine du festival, les motivations de sa création et son apport dans la valorisation de la culture AKYE, et surtout ivoirienne.
LDA : Quelle est l’origine du nom “Voeu Leu” ? Y a-t-il une signification particulière ou symbolique ?
Aguia Patrick : « Voeu Leu » : veut dire selon l'intonation soit " Amusement est bon", soit "Le jour de l'amusement". Il a été créé en 2015. En 10 années d'existence, nous avons organisé 9 éditions, compte tenu de l'année de COVID, pendant laquelle les rassemblements étaient interdits. La motivation derrière est de réunir, rassembler les originaires de la région autour d'une richesse commune : la culture, notre culture en voie de disparition. Dans l'objectif de la valorisation de la culture AKYE.
LDA: Quelles valeurs souhaitez-vous transmettre à travers Voeu Leu ?
Aguia Patrick : A nos parents : la transmission à la génération future de nos connaissances culturelles. A la jeunesse : une attitude d'humilité, de respect pour recevoir ces enseignements. Mais au-delà le retour à nos valeurs intrinsèques, de respect de l'aîné, de partage etc. Le retour à nos sources est capital pour une jeunesse responsable.
LDA : Y a-t-il une cause ou un engagement social ou culturel associé au festival ?
Aguia Patrick : A travers l'ONG VOEU LOEU, nous apportons notre soutien par des actions sociales en faveur de la jeunesse. Nous rénovons des écoles primaires en état de délabrement avancé, et offrons du matériel médical. Nous procédons au dépistage gratuit de l'hypertension artérielle, du diabète et à des tests d'électrocardiogrammes, à l’installation de petits restaurants et des concours de coiffures traditionnelles sans artifices, de petits salons de coiffure pour les lauréats.
LDA : Quels impacts du festival sur la communauté ou sur le territoire depuis sa création ?
Aguia Patrick : Les impacts sont divers. Au plan médical (test de dépistage et dons de médicaments pour accompagner les malades et dons de matériels médicaux...Au plan scolaire, la rénovation de trois écoles primaires à ce jour. Au plan social, la mise à disposition de petites unités de restauration aux lauréats et le curage des caniveaux à travers une journée propreté.
LDA: Quelles sont les grandes lignes de la programmation de cette édition 2025 ?
Aguia Patrick : La programmation de cette édition est placée sous le thème : « Alliances interethniques : une richesse culturelle ». Les différentes activités contribueront à mettre en exergue cette thématique. La 9ème édition débute le jeudi 14 août : il aura un don de fournitures scolaires et de table-bancs au village de Biasso à 6 km d'Adzopé et une soirée Contes et légendes avec un grand feu de bois dans le même village. Le vendredi 15 août : un test de dépistage hypertension artérielle, une parade sur les grandes artères de la ville d'Adzopé, la cérémonie d'ouverture à 16h au stade municipal d'Adzopé (lieu de tenue du festival), le lancement de la finale des concours de parures et coiffures traditionnelles et des prestations d'artistes et concerts. Le samedi 16 août : la journée sera faite d’une randonnée pédestre, un test de dépistage de diabète et un Brunch (tenue traditionnelle de ton allié). En grosso modo, il aura comme activité les concerts, les danses, les contes, les expositions, ateliers, etc.
LDA : Quels sont les artistes invités et combien de visiteurs attendez-vous à cette édition ?
Aguia Patrick : Cette année, nous aurons LUCKSON PADAUD, MONIQUE SEKA, VATA MOMBASSA, ZITANY NEIL, ESPOIR 2000, STE MILANO.... Et le festival s’adresse aux Enfants, jeunes, professionnels, etc. Le festival s'adresse à tous les âges et le thème de la soirée du vendredi est " L'âge n'est qu'un chiffre". Le nombre des festivaliers augmente chaque année. Nous avons pour habitude de recevoir environ 1000 à 1500 personnes par jour. L'objectif cette année est de doubler ce chiffre. C'est le seul festival en Côte d'Ivoire qui fonctionne avec un cabinet expert en qualité (Cabinet Palm's). Cela permet de noter les points d'évolution, de prendre les avis des participants.
LDA: Comment encouragez-vous la participation locale ou communautaire et celle en tant que bénévole, exposant ou partenaire ?
Aguia Patrick : Nous organisons des concours qui se tiennent par étape dans les différents départements de la région impliquant autorités administratives et chefferie locale. Sur Adzopé, pour la grande finale, chaque département effectue le déplacement pour supporter son candidat. La thématique des ALLIANCES interethniques, nous permet d'impliquer toutes les communautés vivantes sur le territoire de la région et alentours. L'espace du stade municipal nous permet de déployer un maquis géant, de disposer des stands partenaires, ainsi que des stands restaurateurs. Tout le monde y trouve donc sa place. Les stands exposants sont payants à des coûts adaptés à la région. Les stands restaurants sont épuisés 2 mois avant le festival.
LDA : Quelles sont vos ambitions pour les années à venir ? Avez-vous des projets d’expansion ou de nouvelles thématiques ?
Aguia Patrick : Pour les années à venir, on aimerait étendre le festival au plan international. Multiplier les actions en faveur des jeunes et des écoles. Car un jeune bien éduqué peut être un canal de valorisation culturel. C’est pourquoi, nous invitons toute la population à venir au stade municipal d'Adzopé. Pour un week-end hors d'Abidjan à 1h30 de route, afin de changer d'air, un épris de culture, un sensible aux causes des jeunes, etc le festival est indiqué. On ne s'y ennuie pas et on y mange bio sur deux jours non-stop.
Auteur: Entretien réalisé par Mohamed Compaoré