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Côte d’Ivoire/ Politique nationale : quand le PDCI envoie balader militants et alliés

« Parti unifié RHDP ? D’accord, mais repassez après 2020 ! » C’est en substance le message qu’il faut entendre du communiqué final du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA), présidé par Henri Konan Bédié, grand allié du chef de l’Etat ivoirien Alassane Ouattara au sein de la coalition du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP).

Alors que ce parti était attendu pour donner sa position sur sa volonté d’adhérer ou non au parti unifié RHDP, ce bureau politique crucial se fend de résolutions pour le moins floues et ambigües : « Le bureau politique endosse la signature de l’accord politique du RHDP relatif à la création d’un parti unifié ; (…) rassure les militants et militantes de la détermination du parti à reconquérir le pouvoir en 2020 et les invite à se mobiliser massivement pour participer activement à la révision de la liste électorale, dans l’union, le rassemblement et la discipline », peut-on lire dans ce communiqué.

Le bureau politique décide en outre du « report du 13ème Congrès Ordinaire du PDCI-RDA après l’élection présidentielle de 2020 », « prolonge son mandat à la présidence du PDCI-RDA jusqu’à l’organisation du 13ème Congrès ordinaire », et prolonge le « mandat de tous les organes et des Structures annexes du PDCI-RDA jusqu’à l’organisation du 13ème Congrès ordinaire ».

Ainsi, en même temps que le parti de Bédié rassure l’allié du RDR en endossant l’accord de création du parti unifié, il souligne par contre qu’il ne se prononcera réellement sur son intégration à cette future formation qu’après l’élection présidentielle de 2020. Scrutin dont réaffirme sa « détermination » à présenter un candidat en vue de « reconquérir le pouvoir ». En reportant son prochain Congrès ordinaire à après 2020, le PDCI affiche clairement qu’il est pour la formule qui dit qu’il faut « l’alternance d’abord, et le parti unifié après ». De quoi satisfaire la majorité de sa base foncièrement opposé à voir leur parti disparaitre ou se fondre dans un nouveau parti.

Mais dans la situation actuelle où l’allié du RDR a besoin de position claire et précise, les conclusions de ce bureau politique sont loin d’être satisfaisante. Bien plus, elles donnent des signaux de détresse au sein du couple PDCI-RDR. Ouattara qui annonce pour bientôt un remaniement ministériel pour ne garder dans le gouvernement que ses alliés qui RHDP favorable au parti unifié va-t-il tenir compte de ce « oui mais du PDCI » ? 

Si cet endossement, par le PDCI, de l’accord politique de création du RHDP du 12 avril donne l’impression qu’il s’agit juste d’un stratagème du parti cinquantenaire pour les postes de ses cadres au sein du gouvernement et dans l’administration, bien malin qui saura la vraie stratégie du « Sphinx de Daoukro ». Un fin stratège dont la particularité énigmatique est de savoir avec tact et minutie entretenir le flou aussi chez ses partisans que ses alliés.

Annonce du divorce prématuré d’un mariage forcé, ou simple distraction des militants -dont certains jubilent déjà une première victoire-, pour continuer à profiter des privilèges du pouvoir ? Car le RDR est désormais pris au piège la bonne foi de son principal allié qui entérine officiellement l'accord du RHDP, tout comme les autres partis de l'alliance comme l'Union pour la démocratie et la paix en Côte d'Ivoire (UDPCI), le Mouvement des forces d'avenir (MFA), le Parti ivoirien des travailleurs (PIT), excepté l'Union pour la Côte d'Ivoire qui refusé d'adhérer au projet.  

Une chose est sure, après ce bureau politique du PDCI, les jours à venir seront tout sauf un long fleuve tranquille pour la vie politique ivoirienne.

Armand Tanoh

Auteur:
LDA Journaliste