Côte d'Ivoire/ Geoffroy Kouao : "La démocratie rime avec la légitimité et la légalité"

"L'Afrique n'a pas besoin d'hommes forts, mais de fortes institutions", a déclaré Barack Obama, lors d'une visite au Ghana, le samedi 11 juillet 2009. A l'occasion de sa première visite en Afrique en tant que Chef de l'Etat.

Le 28 juillet 2015, Barack Obama affirmait encore "Les progrès démocratiques en Afrique sont en danger quand des dirigeants refusent de quitter le pouvoir à l’issue de leur mandat » depuis la tribune de l’Union africaine.

L'Ivoirien Geoffroy-Julien Kouao, politologue et enseignant de droit public, abonde dans le même sens que l'ancien président américain. Il affiche cette position au travers de son livre intitulé" Côte d'Ivoire : une démocratie, sans démocrates?" La plutocratie n'est pas la democratie", sorti en 2020. 

A l'occasion d'un café littéraire des Alumni organisé ce samedi 5 décembre par la Fondation Friedrich Naumann, l'auteur a expliqué sa position, et sa conception de la démocratie dans nos États africains et particulièrement en Côte d'Ivoire. Sous le thème : "Crise de la légalité et de la légitimité en Côte d'Ivoire de 1960 à 2020". Pour le Dr Geoffroy Kouao, la démocratie en Côte d'Ivoire a du mal à s'asseoir. Le constat qu'il fait, c'est que depuis 1960 à ce jour, le pays n'a eu que des dirigeants qui sont en conflit avec la loi fondamentale qu'est la constitution. Or, se désole-t-il, sans le respect de celle-ci, la démocratie est piétinée. " Il n'y a pas de meilleur système politique (...). C'est le casting politique, c'est à dire les hommes qui l'animent qui posent problème", soutient-il.

Il étaye son assertion en relevant trois conflitualités entre le texte et le contexte dans l'évolution de la démocratie dans notre pays. Il évoque le multipartisme, le poste de vice-président qui ont eu du mal à être effectifs et surtout la haute cour de justice qui n'a jamais existée depuis 1960 à ce jour. ". Nous avons un véritable problème dans nos rapports avec notre constitution, (...) ", fait-il observer.

Il indique que dans une démocratie représentative, le seul critère ou instrument qui mesure la légitimité, c'est l'élection qui donne une légitimité à toute action politique. Or depuis les années 1990, les élections ont toujours été émaillées de violences. Il a reconnu s'être trompé en soutenant que l'année 2020 ferait l'exception. Mais hélas.

Le Juriste pense également que la légitimité et la légalité posent un problème dans le fonctionnement politique de notre pays. Il invite donc chaque ivoirien à revoir ses rapports avec la légitimité et la légalité. Car, insiste-t-il, la démocratie rime avec la légitimité et la légalité.

Toutefois, il tient à preciser qu'il s'agit de son opinion sur la démocratie en Côte d'Ivoire à travers ce livre qui ne saurait être une vérité absolue.

Dans trois mois, un autre auteur sera l'invité de ce café littéraire des alumni que la fondation veut comme une tribune d'échanges, de transmission et de dialogue pour construire le futur, selon Magloire N'dehi, son chargé de programmes.

 

Auteur: Daniel Coulibaly

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