Burkina : L'ombre d'une dictature plane - Répression, censure et parallèles troublants avec le passé

Depuis le coup d'État orchestré fin septembre 2022par le jeune capitaine Ibrahim Traoré, plus connu sous le nom d'IB, le Burkina Faso traverse des moments sombres. Enlèvements, séquestrations, musèlement des organisations de la société civile et des médias, ainsi que la surveillance et l'interdiction des activités politiques sont désormais monnaie courante. Les aspirations démocratiques qui ont longtemps défini la nation sont aujourd'hui étouffées sous l'étreinte d'une nouvelle ère dictatoriale.

Répression rénéralisée

Le régime d'IB a instauré un climat de peur et de répression à travers le pays. Des rapports font état d'enlèvements et de séquestrations de citoyens critiques envers le régime. Ces méthodes brutales rappellent les heures les plus sombres de l'histoire du pays et signalent le retour d'une ère où les droits humains sont bafoués au nom du pouvoir absolu.

Censure et étouffement de la liberté d'expression

La liberté d'expression, un pilier fondamental de toute démocratie, est sérieusement menacée sous ce nouveau régime. La fermeture de la radio Oméga par le gouvernement en est un exemple frappant. Cette décision, en contradiction avec la loi sur les médias qui accorde cette prérogative au Conseil supérieur de la communication, pourrait réduire la diversité des voix médiatiques, et privaer les citoyens d'informations équilibrées et objectives.

Société civile réprimée

Les organisations de la société civile (OSC), qui jouent une partition charnière dans la consolidation de la démocratie en représentant les intérêts des citoyens, se disent muselées et intimidées. Dans une vidéo postée sur facebook le 14 août 2022, la présidente du Cadre de concertation national des OSC, Safiatou F. Lopez Zongo, exprime son indignation face à cette situation. Elle dénonce le président IB pour sa tendance à emprisonner des hommes politiques et à fermer des médias à sa guise ; ce qui, selon elle, sape les fondements d'une société démocratique.

Le Pouvoir absolu

La nouvelle ère d'IB, à en croire des leaders de la société civile, se caractérise surtout par son proéminent pouvoir discrétionnaire. Les activités des partis politiques sont surveillées et parfois interdites. Toute chose qui restreint les possibilités pour les Burkinabé d'exprimer leur voix par le biais du processus politique. De plus, la présidente Lopez Zongo souligne que le pouvoir justicière est constamment bafoué par la junte. La libération récente d’une guérisseuse traditionnelle en situation de mandat de dépôt, par des hommes encagoulés liés au président, en est une illustration parlante. Une mise en lumière des abus de pouvoir et la manipulation de la justice.

Révolutionnaire en plein 21ème siècle, IB qui se donne comme référent politique Thomas Sankara, est résolument en train de marcher dans les pas de ce dernier. En effet, de l’avis de certains observateurs avertis de la vie politique du Faso, nous assistons en filigrane à une ressuscitation insoupçonnée des fameux Comités de défense de la révolution (CDR ), ces groupes de jeunes qui semaient la terreur dans les sous-quartier de Ouagadougou et les principales localités du pays durant le règne du capitaine Sankara de 1983 à 1987.

Car si Thomas Sankara était un leader charismatique et emblématique apprécié pour ses politiques révolutionnaires et de transformation sociale, force est de reconnaitre aussi qu’il a été dépassé par les dérives de ces CDR qui agissaient en son nom et qu’il n’a pas su maitriser.  Conséquence, l’on assistait régulièrement à des conflits internes sur fond de règlement de comptes, abus de tous genres sur des populations désillusionnées et sans défense.

C’est d’ailleurs pour cette raison que bien d’observateurs expriment leurs inquiétudes quant aux opérations de charmes que multiplie le capitaine IB à l’intention du monde estudiantin, terreau fertile pour le recrutement de jeunes idéologues.  

Le pays des Hommes intègres est désormais à la croisée des chemins, sous la menace d’une dictature grandissante. Les enlèvements, la censure des médias, la répression des organisations de la société civile et la surveillance des activités politiques sapent les bases de la démocratie et des droits humains. Sous l’œil médusé de la communauté internationale, qui ne sais sur quel pied danser pour d’aider cette grande nation à restaurer un véritable système démocratique où les voix de tous les citoyens sont entendues et respectées.

Armand Tanoh

Auteur:
LDA Journaliste

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