Conférence Mondiale des Journalistes Scientifiques : Chercheurs et Journalistes veulent collaborer pour une meilleure diffusion de l'information scientifique

Abidjan, le lundi 16 juin 2025(ivoire.ci)-Après l’ouverture officielle de la Conférence Mondiale des Journalistes Scientifiques, le mardi 10 juin 2025 à l’Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan, les participants ont poursuivi leurs échanges dans un cadre symbolique : la forêt du Banco, le mercredi 11 juin. Véritable écrin de verdure de 3 474 hectares en plein cœur d’Abidjan, ce sanctuaire écologique a servi d’espace aux discussions des journalistes scientifiques francophones, réunis autour de plusieurs thématiques majeures, dont celle portant sur les dynamiques de collaboration entre journalistes, communicants et chercheurs.

Mamadou Traoré, président des Journalistes Scientifiques de Côte d’Ivoire, a tenu à rappeler l’urgence d’une meilleure synergie entre le monde scientifique et celui des médias. Il a souligné que les chercheurs doivent impérativement sortir de leurs laboratoires pour dialoguer avec les journalistes, insistant sur le fait que seule une communication concertée et structurée permettra de vulgariser efficacement les résultats scientifiques. « Informer les populations de manière claire, fiable et contextualisée est une mission partagée qui exige une collaboration étroite entre nos deux univers. », a-t-il ajouté.

Dr Mathurin Koffi, généticien et épidémiologiste moléculaire à l’Université Jean Lorougnon Guédé et président du RESSUCI, a renchéri en ces termes : « Le principal défi reste de bâtir une passerelle durable entre la science et la société ». Selon lui, les chercheurs ont le devoir de rendre leurs travaux compréhensibles tout en conservant leur rigueur méthodologique. Il a souligné que les journalistes et communicants jouent un rôle important pour transformer des contenus techniques en messages intelligibles, accessibles et utiles pour le grand public.

Dans la même veine, Dr Vincent Jamonneau, parasitologue à l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD), a déploré que trop souvent, les résultats de la recherche restent confinés dans les cercles académiques. Il a estimé qu’une collaboration avec les journalistes est indispensable pour donner une portée sociale aux recherches, notamment dans des domaines sensibles comme la lutte contre les maladies négligées. Toutefois, il a mis en garde contre les risques de simplification excessive. « Il nous faut un langage commun, basé sur la confiance mutuelle et le respect du contenu scientifique. Vulgariser ne doit jamais signifier déformer. » a-t-il clamé.

Du côté des journalistes, Magali Reinert, journaliste scientifique, auteure et membre de l’Association des Journalistes Scientifiques de la Presse d’Information (AJSPI), a relevé le rôle de passeur que doivent jouer les professionnels des médias. Elle a déclaré : « Nous ne devons pas tomber dans l’écueil d’une simplification abusive, mais rendre les choses intelligibles. Cela suppose un meilleur accès aux chercheurs, plus de transparence dans les données, et surtout un climat de confiance réciproque. », plaidant pour une co-construction du récit scientifique entre scientifiques et journalistes, afin de garantir une information de qualité.

Emmanuel Dabo, expert en communication scientifique, a proposé une institutionnalisation cette collaboration. Pour lui, il est temps de mettre en place des formations croisées, des plateformes d’échanges permanentes, et de promouvoir une véritable culture de la communication scientifique. Il a noté que la science ne doit plus être perçue comme un domaine fermé ou réservé à une élite ; mais elle doit dialoguer activement avec la société.

Coordonnée par Kossi Balao, président du Réseau des Journalistes Scientifiques d’Afrique Francophone (RJSAF) et ses pairs, cette journée d’échanges a également permis d’aborder d'autres problématiques essentielles, notamment « le regard des sciences sociales dans l’approche Une Seule Santé » ou encore « le rôle des journalistes dans un monde en crise : comment traiter l’environnement et la santé dans les médias ? ».

La journée s’est terminée par une visite guidée de la forêt du Banco, lieu symbolique d’interconnexion entre la nature, la science et la société. Une manière concrète de rappeler que la communication scientifique doit, elle aussi, s’enraciner profondément dans le réel et dans le dialogue entre les disciplines. 

La forêt du Banco, en plein cœur d'Abidjan, est un parc national de 3 474 hectares. Elle abrite une biodiversité remarquable, dont une forêt primaire de 600 hectares et un arboretum de plus de 800 espèces. Ce site joue un rôle crucial dans la préservation de la nappe phréatique. Il constitue aussi un espace de loisirs propice à des rencontres professionnelles.

Auteur: Auguste Beugré

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