Abidjan, le jeudi 5 juin 2025(LDA)-Africa Finance Corporation (AFC), premier fournisseur de solutions d'infrastructure du continent présente dans un rapport le tableau le plus complet et le plus récent du paysage africain en matière de capitaux investissables, révélant plus de 4 000 milliards de dollars d'épargne nationale sous forme d'actifs bancaires, de fonds institutionnels et de réserves, indique un communiqué reçu par la rédaction.
Dénommé State of Africa's Infrastructure (SAI), les recherches présentées dans l'édition 2025 de ce rapport soulignent la conviction de l'AFC et les investissements menés par l'Afrique constituent le fondement nécessaire à l'expansion de l'approvisionnement en électricité, des transports et de l'industrialisation à travers le continent.
Plus précisément, le rapport SAI fournit une estimation prudente de plus de 1 100 milliards de dollars de capitaux institutionnels à long terme provenant des pensions retraites, des assurances, des fonds souverains et des banques publiques de développement, ainsi que 2 500 milliards de dollars d'actifs bancaires commerciaux et plus de 470 milliards de dollars de réserves des banques centrales.
Malgré l'ampleur de ces ressources, la plupart des investissements sont alloués à des instruments à faible risque et à court terme plutôt que d'être injectés dans l'économie réelle. Le rapport de l'AFC préconise des réformes politiques ciblées, l'innovation financière, un recours accru aux outils d'atténuation des risques et la création de structures financières, telles que des fonds communs ou des plateformes d'investissement, afin de replacer les institutions africaines au cœur de la transformation des infrastructures du continent.
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Dans le cadre du processus d'identification des opportunités d'investissement, le rapport SAI cherche à changer le discours sur l'énergie en Afrique, en passant d'un accès à petite échelle à des systèmes électriques interconnectés à grande échelle capables de stimuler l'industrialisation, la souveraineté numérique et la résilience climatique.
Le sous-investissement dans le secteur énergétique africain est flagrant. En 2024, l'Afrique n'a ajouté que 6,5 GW de capacité connectée au réseau, toutes sources confondues, contre plus de 18 GW pour les seules énergies renouvelables en Inde. La production d'électricité installée par habitant stagne en Afrique, alors qu'elle a plus que doublé en Inde depuis 2008, soulignant l'écart croissant en matière d'accès à l'énergie et de potentiel industriel.
Le rapport préconise en outre l'intégration des réseaux régionaux et la participation du secteur privé dans le transport d'électricité, soulignant que l'Afrique, contrairement à d'autres régions en développement, n'a encore vu aucun projet de transport indépendant. L'AFC identifie l'Angola, la RDC, la Tanzanie et la Mauritanie comme des marchés clés pour les interconnexions qui pourraient permettre aux pays disposant d'une capacité de production excédentaire d'alimenter ceux qui sont en déficit, en reliant plusieurs pools énergétiques et en équilibrant les flux d'électricité à travers les frontières.
Renaissance ferroviaire
Contrairement au sous-investissement dans le secteur de l'énergie, le rapport SAI met en évidence l'émergence d'un nouveau cycle d'infrastructures ferroviaires, signe d'un regain de dynamisme dans le paysage des transports africains. D'est en ouest et dans le sud de l'Afrique, un nombre croissant de projets ferroviaires, publics et privés, renversent des décennies de négligence et de délabrement.
Les lignes en construction et prévues totalisent plus de 7 000 km, ce qui pourrait doubler le rythme de l'expansion ferroviaire au cours de la prochaine décennie.
Pour illustrer cette renaissance, l'AFC a lancé la toute première carte numérique des chemins de fer africains, une plateforme dynamique et interactive qui fournit des informations sur les corridors ferroviaires du continent. Cet outil vise à améliorer la visibilité des projets, à susciter l'intérêt des investisseurs et à soutenir la coordination le long des principaux corridors de transport et de commerce.
Chaînes de valeur industrielles
Le rapport identifie également l'acier, les engrais et le raffinage du pétrole comme trois intrants industriels stratégiques importants pour l'Afrique, qui représentent actuellement quelque 300 milliards de dollars d'importations annuelles, mais qui sont mûrs pour une valeur ajoutée nationale.
En raison de l'insuffisance de la production locale, l'Afrique ne consomme actuellement que 24 kg d'acier par habitant, contre une moyenne mondiale de 219 kg, et 23 kg d'engrais par hectare, nettement inférieure à la moyenne mondiale de 140 kg. La chaîne d'approvisionnement du minerai de fer à l'acier représente notamment une opportunité industrielle majeure encore inexploitée. Pour réaliser son potentiel, il faudra relier les centres de production en minerai de fer en expansion en Afrique de l'Ouest aux centres de transformation et aux marchés de consommation en pleine croissance sur tout le continent.
L'AFC appelle à des investissements coordonnés dans les domaines de l'énergie, des transports et de la logistique afin de libérer la compétitivité dans ces secteurs et d'ancrer les pôles de production régionaux.
« Ce rapport fournit une feuille de route pratique sur la manière dont l'Afrique peut canaliser son importante puissance financière vers les infrastructures nécessaires pour stimuler la transformation industrielle, qu'il s'agisse d'augmenter l'approvisionnement en électricité, de revitaliser les chemins de fer ou de développer des industries stratégiques telles que l'acier et les engrais. Les outils existent. Les capitaux sont disponibles. Ce qu'il faut maintenant, c'est une action coordonnée pour les débloquer. », a commenté Samaila Zubairu, président-directeur général de l'Africa Finance Corporation.
