Abidjan, 1er août 2025 (LDA) – La Diplomatique d’Abidjan révèle en exclusivité le contenu d’une seconde lettre confidentielle adressée par Ahoua Don Mello à Laurent Gbagbo, datée du 23 juillet 2025. Ce document inédit, dont LDA a pu se procurer copie, apporte un éclairage nouveau sur les tensions internes qui secouent le PPA‑CI, à l’approche de l’élection présidentielle de 2025.
Dans cette note au ton plus direct et inquiet que la première (fuite de juin), Don Mello revient sur une stratégie électorale jamais discutée en profondeur. Il rappelle qu’avant la convention de 2024, trois options avaient été identifiées par Gbagbo lui-même : obtenir son inscription sur la liste électorale, envisager une politique de la chaise vide, ou proposer une candidature alternative. Il déplore que ce débat ait été évité, malgré les signaux d’alerte.
La lettre révèle également une accusation frontale : selon Don Mello, Gbagbo serait aujourd’hui « pris en otage » par un groupe de fidèles qui l’éloigne de ses compagnons de lutte historique, dans une logique d’héritage politique plus que de conquête du pouvoir. Il dénonce une commission interne sans stratégie, qui "accompagne l’humiliation du parti".
Mais cette lettre ne saurait être lue sans tenir compte des événements survenus dans les jours suivants.
Une rupture désormais consommée
Le 26 juillet 2025, Don Mello a annoncé publiquement sa candidature à l’élection présidentielle, rompant ainsi avec la ligne du parti qui maintient Gbagbo comme candidat unique malgré sa radiation de la liste électorale. Une déclaration qui provoque une onde de choc au sein du PPA‑CI.
Dans la foulée, plusieurs de ses proches collaborateurs sont radiés ou démissionnent, refusant une ligne qu’ils jugent attentiste et peu combative.
Le 29 juillet, Laurent Gbagbo signe personnellement un décret interne révoquant Don Mello de ses fonctions au sein du parti, mettant fin à toute ambiguïté sur son sort politique. La rupture est désormais officielle.
Une lettre comme point d’inflexion
Dans sa lettre datée du 23 juillet, Don Mello ne cherche pas la confrontation mais l’ultime dialogue. Il demande une rencontre avec Gbagbo pour "ajuster (leur) politique", et propose une stratégie de "candidatures de précaution radicalisées", non pas pour concurrencer Gbagbo, mais pour forcer une solution politique à sa radiation de la liste électorale.
Mais à l’évidence, le parti a tranché. Et Don Mello, désormais isolé, mais déterminé, poursuit sa route. L’annonce de la création de son mouvement, le MS‑CI (Mouvement Souverainiste de Côte d’Ivoire), devrait acter sa mue politique en solo.
Armand Tanoh
Auteur: LDA Journaliste