Abidjan, août 2025 (LDA) – Dans une atmosphère politique encore marquée par les crispations et les blessures du passé, une première rencontre entre les comités techniques du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP) et de la Coalition pour la Côte d’Ivoire (CAP-CI) s’est tenue ce lundi au siège du parti au pouvoir.
Une image forte : Charles Blé Goudé, ex-ministre de la Jeunesse et figure controversée de la crise postélectorale de 2010, désormais président du COJEP et chef de file de la CAP-CI lors de cette rencontre, face à Touré Mamadou, porte-parole adjoint du RHDP. Deux hommes que tout opposait il y a encore quelques années, aujourd’hui réunis autour d’un même objectif : restaurer la confiance et relancer un dialogue politique constructif.
« Ce que nous ne souhaitons pas, c’est que cette année encore les Ivoiriens prennent leurs baluchons pour fuir vers les pays voisins », a lancé Charles Blé Goudé avec gravité, en référence aux tragédies de 2002, 2010, ou encore 2020.
Une rencontre aux allures de test politique
À trois mois d’un scrutin présidentiel incertain, cette réunion technique apparaît comme un tournant possible. Blé Goudé espère clairement que ces échanges déboucheront sur une véritable reprise du dialogue politique sous l’égide de l’État. De son côté, Touré Mamadou assure que le RHDP prend « au sérieux » les préoccupations de l’opposition, et promet une nouvelle séance dès lundi prochain.
Derrière les formules protocolaires, un message semble passer : le climat de méfiance peut évoluer si les acteurs le veulent vraiment. En partageant documents et positions de manière transparente, les deux camps se testent, se jaugent, mais surtout amorcent une dynamique de discussions régulières. La finalité, selon Blé Goudé, est de créer un socle de confiance pour permettre au gouvernement de reprendre la main dans un cadre institutionnalisé.
Le poids de l’histoire récente
L’initiative RHDP – CAP-CI intervient dans un contexte tendu : rumeurs d’une nouvelle candidature d’Alassane Ouattara, exclusion de plusieurs figures de l’opposition du processus électoral, retour au premier plan de leaders comme Tidjane Thiam ou Guillaume Soro, et épisodes de violence dans certaines localités. Cette tentative de dialogue peut-elle inverser la tendance à la polarisation ?
Blé Goudé, qui connaît mieux que quiconque le prix du conflit, veut y croire : « Notre histoire nous interpelle. Elle est encore récente et s’est passée aux yeux de tous. On peut régler tous ces différends autour d’une table. » Une déclaration presque solennelle, qui sonne comme un appel à la responsabilité collective.
Une fenêtre d’opportunité
Le retour au dialogue n’est pas garanti. Il dépendra de la sincérité des démarches, mais aussi du traitement équitable des griefs de l’opposition : transparence électorale, accès équitable aux médias d’État, sécurisation du processus électoral, libération de certains prisonniers politiques, etc.
Pourtant, cette première réunion laisse entrevoir une fenêtre d’opportunité, à condition qu’elle ne soit pas refermée trop vite. Car, comme le rappelle Blé Goudé, « ce serait méchant de la part des acteurs politiques » de plonger le pays dans une nouvelle spirale de violences évitables.
Auteur: LDA Journaliste